Si vous trouvez votre vélo électrique trop lent et que vous aimeriez le débrider pour libérer toute la puissance de son moteur, alors cet article est fait pour vous. Dans ce guide, je vais vous expliquer en détails deux méthodes qui sont couramment utilisées pour débrider les vélos électriques. Ce sont des méthodes qui marchent vraiment, et qu’il est possible d’utiliser sur de nombreux modèles de vélos qu’on trouve sur le marché. Enfin, je donnerai également mon opinion personnelle sur le débridage, et j’expliquerai toutes les conséquences (bonnes et mauvaises) que cette pratique entraîne.
Comprendre le bridage
Pour comprendre comment débrider un vélo électrique, il faut d’abord apprendre une chose : comment ce bridage fonctionne. Eh oui ! Tout comme on n’apprend pas à réparer un ordinateur sans savoir d’abord comment il fonctionne, vouloir débrider son vélo sans savoir en premier lieu comment le mécanisme de bridage fonctionne est incohérent. Et dangereux. Incohérent, car il est inutile d’essayer de débrider votre vélo si vous ne savez même pas comment le bridage fonctionne. Dangereux, car si vous vous y prenez mal, vous risquez de ruiner le moteur de votre vélo. Voici donc, avant toute chose, quelques informations indispensables sur le fonctionnement du bridage d’un vélo électrique.
Fonctionnement du bridage
En premier lieu, et c’est d’ailleurs ce qui fait toute la difficulté du débridage de vélo, il faut savoir que chaque moteur a un mécanisme bien à lui pour limiter la vitesse à 25 km/h. Il n’existe donc pas de solution miracle qui fonctionne pour tous les moteurs, ce qui augmente grandement la difficulté de débridage. Cependant, il y a quand même un côté positif. Bien que chaque moteur ait son système à lui pour limiter la vitesse, on retrouve un mécanisme similaire sur la grande majorité des modèles vendus sur le marché. Et ce mécanisme, le voici. Sur cette image, vous pouvez voir les deux pièces que le constructeur utilise pour connaître la vitesse à laquelle le vélo roule :
- Le capteur de vitesse
- Un aimant placé sur l’un des rayons du vélo
Voilà, c’est tout. Avec ces deux pièces, votre vélo est capable de savoir la vitesse à laquelle vous roulez. Alors, comment fait-il exactement ? Le contrôleur du moteur électrique connaît la circonférence de la roue car c’est une donnée qui y est stockée par le constructeur. Comme il connaît cette information, il est capable de calculer la vitesse à laquelle vous roulez en enregistrant à quelle fréquence l’aimant passe devant le capteur. Si la roue tourne plus vite que 25 km/h, l’aimant qui y est accroché va passer plus rapidement devant le capteur, et le moteur va automatiquement se couper afin de respecter la limite légale de 25 km/h. Lorsque vous ralentissez, l’aimant passe plus lentement devant le capteur, et le moteur se remet en marche.
Comment débrider son vélo vélo électrique ?
Bon, maintenant que vous savez comment fonctionne le mécanisme de bridage d’un vélo, vous allez mieux comprendre les deux façons de le débrider.
La méthode bricolage
Dans cette première méthode, le débridage du vélo va consister à déplacer le capteur du vélo pour lui faire capter la rotation du pédalier plutôt que celle de la roue. Si cette méthode a l’air d’être un gros bricolage du dimanche, c’est parce qu’elle l’est. Mais elle fonctionne ! Et contrairement à la méthode suivante, elle est presque entièrement gratuite. Presque, parce qu’il va quand même vous falloir quelques outils de bricolage basiques. En voici la liste complète :
- Une clé allen
- Du ruban adhésif
Voilà une sacré longue liste ! Bon, une fois ces outils en main, vous êtes prêt pour débrider votre vélo. Avertissement : toutes modifications faites à votre vélo en suivant les conseils de cet article sont à vos propres risques. Si vous causez des dégâts à votre vélo, vous en êtes l’unique responsable. De plus, cette méthode ne fonctionne pas sur tous les modèles de vélo électriques.
Maintenant que l’avertissement est hors du chemin, voici les étapes à suivre pour déplacer le capteur.
Étape 1 : déplacer le capteur de vitesse
Pour cette première étape, vous allez dévisser le capteur de vitesse qui se trouve ici (sur la photo, il est déjà dévissé). Et le coller comme sur la photo ci-dessous. Attention que le sens dans lequel vous le collez a de l’importance. Le capteur doit faire face au pédalier afin de pouvoir tromper le contrôleur en lui faisant croire que le pédalier est la roue. Pour le coller, vous pouvez simplement utiliser le ruban adhésif comme sur la photo. C’est moche, mais ça marche et ça tient bien en place.
Étape 2 : déplacer l’aimant
Pour cette deuxième étape, vous allez retirer l’aimant du rayon auquel il est accroché, puis vous allez l’accrocher à l’une des pédales en utilisant du ruban adhésif. Et voilà, c’est déjà fini. Le résultat final devrait ressembler à quelque chose comme ceci. Si vous êtes à l’aise avec l’anglais, voici ces mêmes explications en vidéo. C’est cette même vidéo qui m’a inspiré à rédiger cet article. La solution que le gars a trouvée est tellement simple et efficace que je me devais de la partager sur ce site.
Maintenant, au lieu de mesurer la vitesse à laquelle la roue tourne, votre vélo va mesure la vitesse à laquelle les pédales tournent. Et comme les pédales tournent toujours nettement plus lentement que la roue à cause du mécanisme de vitesses, votre vélo va penser que votre vitesse est moins rapide que ce qu’elle est en vérité ! Grâce à ce simple bricolage, le moteur de votre vélo ne va désormais plus se bloquer à 25 km/h et pourra libérer toute sa puissance. Pour certains moteurs puissants comme ceux de Bosch, le moteur ainsi débridé peut atteindre jusqu’à 40 km/h.
Bien entendu, comme le contrôleur du vélo n’enregistre pas la bonne vitesse, les informations de distance et de vitesse de votre panneau d’affichage seront faussées.
La méthode avec kit
Dans cette deuxième méthode, on reste un peu dans le bricolage mais surtout, on doit ouvrir son portefeuille. Comme vous le savez désormais, la vitesse du vélo est calculée par le contrôleur présent dans le moteur. Ce contrôleur est en fait un petit ordinateur programmé pour devoir exécuter certaines commandes, dont celle de débridage. Certaines entreprises ont saisi cette opportunité pour créer des petits kits capables de reprogrammer le contrôleur afin de retirer le débridage. Ces kits sont disponibles à l’achat sur internet pour un prix variant entre 100 et 200€ en fonction du modèle. C’est cher, mais pour certains modèles de moteurs, c’est la seule solution de débridage possible. À vous de voir si le débridage de votre vélo en vaut le prix.
Pour cette méthode, il est malheureusement impossible de vous donner un tutoriel étape par étape car cela varie d’un kit à l’autre. C’est d’ailleurs pourquoi il est très important d’acheter un de ces kits chez un vendeur compétent afin qu’il puisse vous dépanner dans le cas où vous n’arriveriez pas à l’installer.
En France, l’entreprise Citibike propose de nombreux kits à la vente pour tous les modèles de moteurs les plus populaires. On en trouve aussi sur Amazon, mais là, vous n’aurez pas de conseils spécialisés. L’un des kits les plus populaires du marché est celui créé par l’entreprise allemande Badassbikes. Il est compatible avec les systèmes Bosch, Brose, Conti, Kalkhoff, Shimano et Yamaha, soit un grand nombre des moteurs présents sur les vélos européens. En plus, l’entreprise est facilement joignable par mail pour répondre aux potentiels problèmes que vous rencontreriez. Je n’ai pas trouvé de vidéo en français expliquant le processus d’installation, et je n’ai pas eu l’occasion de le faire moi-même, mais voici une vidéo en allemand qui explique comment installer le kit de Badass.
Une fois le kit installé selon les instructions , une manipulation finale est parfois nécessaire sur certains moteurs, comme un changement de position de l’aimant. Voici la vidéo en français de Badass expliquant ce processus. Une fois le kit installé et l’aimant déplacé, le vélo ne sera plus limité en vitesse et pourra tirer parti de toute la puissance de son moteur.
Méthode bonus : Fabriquer son vélo électrique soi-même
Fabriquer vous-même votre vélo électrique, ça vous semble compliqué ? Eh bien, vous seriez étonné d’à quel point il est facile de le faire. Si vous tenez vraiment à aller plus vite en vélo électrique, fabriquer vous-même votre vélo est l’une des meilleures solutions. J’ai d’ailleurs écrit un article complet qui détaille les différentes façons de le faire
Les conséquences du débridage
Débrider son vélo peut être très tentant, et grâce à cet article, vous connaissez désormais deux moyens de le faire. Que ce soit pour gagner un temps précieux chaque jour lors de votre trajet maison-travail ou simplement parce que vous aimez la vitesse, le débridage peut apporter des avantages conséquents. Cependant, quels sont les véritables risques liés à cette pratique ? Dans cette section, je vais vous expliquer en détails les points importants à prendre en considération avant de débrider son vélo électrique.
Le moteur et la batterie
Vous vous demandez peut-être si passer la vitesse de votre vélo de 25 km/h à 40 ne risque pas d’endommager son moteur. Et c’est d’ailleurs une question totalement cohérente. Les moteurs de VAE, même en étant limités à 250 watts, sont capables d’atteindre des vitesses de 40 voire même 50 km/h lorsqu’ils délivrent leur pleine puissance. Cependant, la “pleine puissance” d’un vélo électrique n’est pas à comparer à la pleine puissance d’un moteur comme celui d’une voiture. Si vous rouler constamment à pleine puissance avec votre voiture, vous allez 1 – sans doute vous tuer, et 2 – ruiner votre moteur en très peu de temps.
Sur un vélo électrique par contre, c’est totalement différent. Le moteur des VAE est fait pour délivrer plus de puissance que celle nécessaire pour rouler à 25 km/h car le vélo est censé pouvoir rouler à cette vitesse même en forte pente. Or, sur du plat, le vélo est en réalité capable de rouler sans problème à 40 km/h, il est simplement limité par le système de bridage. Si vous débridez votre vélo correctement, vous pouvez donc être quasiment certain que ça ne causera aucun problème au moteur. Bien entendu, rouler plus vite vous fera consommer plus d’électricité. Votre autonomie sera donc moindre, et vous devrez plus souvent recharger votre batterie.
Les législations
Étant donné que la loi européenne oblige les VAE à être limités à 25 km/h, si vous débridez votre vélo, il ne respectera plus cette législation. Vous ne pourrez donc plus circuler sur la route ni les pistes cyclables légalement. En effet, pour bien comprendre ce qui rend un vélo électrique un “VAE” aux yeux de la loi, il faut tout d’abord connaître les législations européennes en la matière.
Actuellement, ces législations définissent un VAE comme devant respecter ces trois points :
- L’assistance électrique se fait uniquement au pédalage
- L’assistance se coupe automatiquement au-dessus de 25 km/h
- La puissance du moteur ne dépasse pas 250 watts de puissance nominale continue
Si un vélo respecte ces trois points, il est alors considéré comme un simple vélo légèrement assisté de façon électrique. Il bénéficie donc des mêmes simplifications légales qu’un vélo, pour lequel il n’y a pas obligatoirement besoin de permis, d’assurance ni de casque. Dans le cas où un vélo électrique ne respecte pas l’une de ces règles, il sera considéré comme un cyclomoteur et il subira donc toutes les obligations légales qui y sont associées. Parmi celles-ci, on retrouve l’obligation d’être homologué en tant que cyclomoteur, de porter un casque moto homologué, l’interdiction d’emprunter les pistes cyclables…
La législation européenne concernant les vélos électriques est la raison pour laquelle la quasi totalités des vélos électriques disponibles à l’achat en Europe sont limités à 25 km/h alors que leur moteur est capable d’aller bien plus vite. Malgré ça, débrider son vélo électrique n’est pas forcément illégal. Si vous vous limitez aux lieux privés, aux petits chemins de campagne et aux forêts, vous ne risquez quasiment rien.
Cependant, sachez que si vous êtes pris en train de rouler sur la voie publique avec un vélo électrique débridé, vous risquez une amende, une confiscation de votre vélo, et un dédouanement de l’assurance en cas d’accident. À vous donc de juger si le jeu en vaut la chandelle. Personnellement, je ne peux pas raisonnablement vous recommander de débrider votre vélo, mais si vous décidez quand même de le faire et d’emprunter la voie publique, soyez très prudent. Et portez un casque !
La garantie
Lorsque vous achetez un produit en Europe en tant que particulier, une garantie légale de deux ans s’applique sur ce produit. Cependant, lorsque vous apportez des modifications au produit, cette garantie s’annule. C’est normal, car le produit ainsi modifié n’est plus le même que celui que le vendeur vous a remis, même lorsqu’il ne s’agit que d’une petite modification comme l’ajout d’un kit de débridage ou le déplacement d’une pièce. Si vous souhaitez conserver la garantie légale sur votre vélo débridé, il faudra donc vous assurer que les modifications que vous y avez effectuées puissent être entièrement annulées.
Dans le cas de la première méthode vue dans cette article, il suffirait en théorie de remettre le capteur de vitesse et l’aimant à leur place respective et le vélo retournerait dans son état d’origine. Dans le cas de la deuxième méthode cependant, l’installation d’un kit de débridage est parfois définitive car elle modifie de façon permanente le fonctionnement du contrôleur. Heureusement, ce n’est pas le cas de tous les kits. Celui de Badass par exemple est démontable assez facilement. Étant donné qu’un vélo électrique est un gros achat, assurez-vous donc que les modifications que vous y apporteriez en le débridant puissent être entièrement annulées afin de pouvoir conserver votre garantie légale de deux ans.
La sécurité
Comme dernière conséquence majeure du débridage, il est évident qu’il faut parler de la sécurité. Non seulement la vôtre, mais aussi celle des autres. Je serai le premier à le dire : entre un vélo électrique débridé pesant 20 kg et montant à maximum 40 km/h, et une voiture pesant 1500 kg et montant à maximum 180 km/h, les législations feraient bien mieux de se préoccuper de réguler les voitures plutôt que nos malheureux vélos. D’autant plus lorsqu’il s’agit de voitures à essence ou diesel qui empoisonnent nos villes alors que nos vélos électriques ne brûlent pas un gramme de carburant et participent à la transformation énergétique.
Cependant, 40 km/h en zone de circulation dense, c’est déjà assez rapide. Une chute à cette vitesse pourrait aisément vous beaucoup de dégâts corporels, voire même vous emmener à l’hôpital.
Si vous décidez de débrider votre vélo électrique, il est donc indispensable que vous portiez un casque de bonne qualité afin de vous protéger en cas de chute. Un casque complet est d’ailleurs préférable à un simple casque vélo.
De plus, si vous décidez d’emprunter des routes publiques et des pistes cyclables, n’oubliez pas que la présence de votre vélo y est illégale. En cas d’accident, et même si vous n’êtes pas en faute, vous risquez donc d’être dans de sacrés ennuis car vous étiez sur un cyclomoteur motorisé non homologué, sans permis ni assurance. Il est donc dans votre intérêt d’éviter un maximum les routes principales et les pistes cyclables, car si vous y rencontrez le moindre problème, vous courrez de gros risques. Globalement, afin de profiter de votre vélo en toute sécurité, pensez à porter un casque et essayez d’éviter un maximum les routes principales.
J’espère vraiment que cet article vous aura aidé. Si vous avez une question ou une remarque, n’hésitez pas à l’écrire dans les commentaires. Je me ferai un plaisir d’y répondre.
Je m’appelle Alan et la voiture a toujours été une passion pour moi, et l’arrivée des véhicules électriques est un vent de fraîcheur, qui permet de concilier cette passion et les nécessités sociétales de réduction des émissions de CO2. La voiture électrique est un petit bijou de technologie que j’apprécie particulièrement. Je suis aussi amateur de cyclisme sur route, et là aussi le vélo électrique amène son lot de possibilités ! Merci pour vos lectures et commentaires.